On s'Etait Dit...

Suite à un reportage diffusé il y a quelques temps sur le délicat sujet de l'insémination artificielle chez les lesbiennes, et ayant suscité chez moi de vives réactions, j'aimerai attirer votre attention sur quelques passages. Le débat sur l'insémination artificielle doit-elle être autorisée ou encore est-elle acceptable chez des couples lesbien(ne)s, est bien trop épineux pour que je vous brode ici un article sur mes opinions personnelles (et comme le souligne le terme "personnelles", le resteront!) Toutefois, il y a matière à argumenter et débatre sur certains passages et quelques autres images de l'émission. Tout d'abord, voici ce que j'ai retenu au cours de mon écoute: Une femme (lesbienne mais cela n'a pas beaucoup d'importance dans ce contexte) s'étant soumise au processus d'insémination déclare avec sa conjointe: "on a acheté tout ce que le donneur avait. Il n'est plus en circuit maintenant". Comprenez par "tout ce que le donneur avait", le don de sperme, pouvant être renouvelé par un même donneur et permettant à une femme de tenter plusieurs fois une insémination, avec le même donneur à chaque fois. Ce qui choque nos oreilles, ou plutôt devrai-je dire ce qui a frappé MES oreilles, c'est l'image qu'on attribue à cet homme (déjà matérialisé par un numéro, une référence). "Cet homme n'est plus en circuit, on lui a acheté tout ce qu'il avait", rend la relation donneur/receveuse bien délicate. La notion d'argent quand il s'agit de donner la vie est déjà bien contestable mais ces femmes ont prouvé qu'elles pouvaient la rendre encore plus malsaine. Mettre un homme hors circuit comme on met une marchandise sur le marché ou qu'on le retire des ventes, est purement humiliant, voire répréhensible, tout au moins moralement. Bien sûr, c'est l'homme qui, au départ fait une offre, mais n'oublions pas la symbolique du "produit", c'est toute sa virilité que le donneur confie à ces femmes en quête de domination car, oui, ce ne sont pas des femmes prêtes à recevoir et gratifier le donneur pour ce qu'il leur offre, mais bien des femmes "acheteuses", s'exprimant comme des businesswomen. Comme quoi, le langage peut quelquefois changer l'image. Et la caricature va encore plus loin lorsqu'on voit une femme se promenant avec un véritable pot au lait, au précieux contenu. Bien entendu, de tels appareils sont indispensables pour "conserver" dans des conditions fixées au départ, les dons, mais cette étrange similitude avec un pot au lait, que la femme pourrait presque balancer à bout de bras tout en se promenant l'air réjouit, ne peut laisser insensible. La dévalorisation est totale. Et le futur enfant est aussi concerné. Dire que ces récipients rappelant les pots en ferraille, r,nferment l'inestimable secret de la vie... le contenant n'est pas à la hauteur de son contenu. Imaginez-vous dans le cas de ces parents qui, quelques années plus tard montreront à leur enfant d'où l'aventure a commencé et diront "tu vois, tu étais là-dedans!" C'est à vous traumatiser! C'est pourquoi je pense que la nature des préférences sexuelles des futurs parents importe peu ici. C'est l'image que ces mères ont des donneurs, oubliant trop souvent (ou du moins dans ces quelques cas présentés), l'enjeu d'une telle union, qui compte. Sans l'un des deux membres, rien ne serait possible. La société a fait de cette pratique un marché, c'est certain. Est-ce bien nécessaire de rentrer dans ce jeu d'acheteurs, vendeurs? Ne pourrait-on pas replacer les vraies valeurs de cet échange car il s'agit d'un don pas d'une vente au sens propre, et encore moins d'une enchère au plus offrant.